voici le texte qui accompagnait les portraits de familles.
"J’ai commencé à fréquenter le square Carpeaux avec mes enfants. Auparavant, ce lieu ne représentait pour moi qu’un jardin entouré d’une grille.
J’ai commencé à prendre des photos de mes enfants dans ce square. Au début, ils étaient seuls sur les clichés, puis sont apparus à leurs côtés leurs copains et copines, de crèche, d’école, amis d’un jour, peut-être de toujours.
Le temps a passé, les liens se sont tissés entre moi et ces enfants, qui avaient souvent l’âge de l’un des miens, entre moi et leurs parents.
J’ai commencé à prendre des photos des familles en décembre 2005 et ai continué de saison en saison jusqu’en juillet 2007.
Le cadre n’a jamais varié : un arbre du square devant lequel ou contre lequel se lovaient les petites et grandes personnes, derrière, le kiosque à musique et, dans le lointain, la caserne des pompiers de Montmartre.
Le temps a passé, les enfants ont grandi, les parents aussi, les bébés sont sortis des ventres ronds.
Le temps a passé, les saisons se sont succédé, les feuilles de l’arbre ont joué avec les couleurs, parfois se sont envolées. Les photos se sont accumulées.
J’ai commencé à les assembler par saison, puis par famille au fil des saisons, au fil de mon regard. Peu à peu, elles sont devenues les pièces d’un immense puzzle, qui raconte, à travers ces portraits de famille, la vie, l’histoire d’un quartier.
Le temps a passé, le square a fermé pour travaux. Le temps a passé, il a réouvert, embelli. L’arbre est toujours là, fier d’avoir prêté ses racines à mes portraits de famille, et derrière lui, le kiosque à musique est imperturbable, alors que, dans le lointain, la caserne des pompiers est à son tour en travaux.
Raconter en images ces rencontres urbaines affectives que le square a suscitées est une manière de rendre hommage à ce lieu de passage, de brassage et de métissage, et de fêter sa réouverture."
